Compte rendu de course Running

A Bridge Across Time – Ma Saintélyon 2016

30 ans…

 

Entre mon dernier article et celui-ci , avait lieu mon anniversaire. Et pas n’importe lequel, mon 30ème anniversaire.

 

Je sais que ce compte rond résulte du système décimal couramment usité par nous tous, et qu’il n’y a aucune raison d’accorder plus d’importance à cet anniversaire qu’au précédent, ainsi qu’à celui à venir, il n’empêche que cela m’a bien travaillé.

 

L’année 2016 m’avait déjà bien permis de me torturer l’esprit avec en toile de fond mon déclin physique, lié à mon manque d’activité sportive, lui même en lien avec ma nouvelle activité professionnelle.

 

Malgré de nombreuses tentatives pour me reprendre en main tout au long de l’année, je n’ai pas réussi à vraiment m’y remettre. Dans mon dernier article, je semblais en bonne voie mais passé Marseille-Cassis pour laquelle je ne vous proposerais même pas un compte rendu, je me suis de nouveau perdu…

 

Pourtant je finis cette édition 2016 de Marseille-Cassis avec seulement 10min de plus au compteur que l’année dernière mais mon boulot ( encore et toujours lui) à de nouveau accaparé toutes mes forces. Si bien je ne courrais que 5 petits kilomètres en novembre et 6 en décembre.

 

Pourtant lorsque coïncidaient le moment où mon amie Vanessa m’annonçait qu’elle participait à la SaintéLyon et celui où mon partenaire Douzaleur me proposait de rejoindre la team sur l’épreuve , je me laisser tenter avec des questions pleins la tête:

 

En suis je toujours capable ? (Je ne me trouvais déjà pas prêt l’année dernière)

Trouverais je un jour un moyen de concilier mon travail et le running ?

Et si je devais choisir ?

Quel est le sens de ma vie ?

Quelle est la réponse à la grande question sur la vie, l’univers et le reste ? (Pour info , la réponse est 42)

Ok ! Ça part en cacahouète ….

 

Parcourir la SaintéLyon avec Vanessa c’était le rêve fou que nous avions élaboré l’année dernière avant qu’elle ne du renoncer. J’étais enthousiaste à l’idée, d’enfin réaliser notre projet.

 

Je me retrouve donc le 3 décembre au soir à la Hall Tony Garnier , pour retirer mon dossard puis prendre la navette vers Saint Étienne avec Vanessa, Sophie et Stéphane.

 

 

Après un repas rapide, nous sommes rejoint par nos amis Virginie, Jérome, Dominique, Gwendoline, et Sébastien. Nous tentons de reprendre des forces ensemble .

 

 

Avant de rejoindre la ligne de départ, je retrouve des membres de la Team Douzaleur .

 

 

Cette petite vidéo vous donnera une idée de l’ambiance depuis le départ jusqu’au kilomètre 10.

 

http://http://youtu.be/cJnX2d16ARE?a

 

Je m’élance avec Vanessa à allure lente. A vrai dire , l’allure adoptée par Vanessa et à laquelle je me limite, me convient bien dans les premiers kilomètres.

 

Nous sortons de Saint Étienne, puis abordons une petite pente où l’organisation a prévu des photographes, nous en profitons pour immortaliser le début de notre aventure commune.

 

 

Rapidement, nous quittons le goudron, pour aborder les premières portions de chemin en montée. Et d’un coup l’allure réduite ne me convient plus. J’alterne donc les phases à allure rapide et d’attente où je cherche Vanessa parmi les autres coureurs. Cette technique nous mènera jusqu’au 10ème kilomètre.

 

Et puis, c’est le drame .

 

Après une enième répétition de la manoeuvre , au moment où je retrouvais habituellement Vanessa : Rien !

 

Je patiente plus que de raison, et repars cherchant mon amie au milieu des autres participants. Un moment se passe et arrivant au kilomètre 12, je juge que j’ai du la loupé . Je décide de m’arrêter et de me laisser doubler par le peloton , espérant la retrouver.

 

C’est alors qu’en lieu et place de Vanessa , j’aperçois Julie du Team Douzaleur. Quel heureux hasard que cela se produise au kilomètre 12 … TRUE STORY !

 

J’accompagne Julie jusqu’au 1er ravitaillement ( kilomètre16) où elle s’arrête puisqu’elle court la course en relais. Sur le chemin malgré une recherche visuelle attentive pas de Vanessa mais quelques coureurs qui me reconnaissent pour avoir visualiser ma vidéo de l’année dernière, afin appréhender la course

 

 

Je décide de laisser un peu de temps à Vanessa pour me rattraper et traine au ravitaillement . Là où l’année dernière, Émir nous avait fait adopter un arrêt au stand digne d’un pilote de formule 1, je prends le temps de bien manger et remplir ma poche à eau. Toujours pas de Vaness’ . Je tente un appel téléphonique : répondeur !

 

Je me résous à repartir… J’apprendrais après la course que si j’avais patienté une petite minute de plus , nous nous serions retrouvé.

 

Je repars à l’assault de la course, partagé entre la peur qu’il soit arrivé un soucis à mon amie, l’idée qu’elle pourrait être devant parce que je l’aurais loupé parmis le flux de coureurs et le chrono qui file.

 

Je me retrouve sans Vanessa, sans connaissance pour affronter la nuit et les kilomètres.

 

Il fait beaucoup plus froid que l’année dernière ( on me dit -2 comparé au 7 degrés de 2015) le sol est gelé et je glisse beaucoup , ce qui me conduit à tomber une première fois dans des herbes hautes qui amortissent ma chute.

 

Là, allongé dans la verdure aux alentours du 20ème kilomètre , l’envie de repartir n’est pas là.  Le touffu matelas givré sur lequel j’ai eu la chance de me réceptionner sans douleur est bien confortable. Je fais face aux coureurs qui me doublent, allongé , je profite du spectacle jusqu’à ce qu’on m’interpelle.

 

Inconnu : « Besoin d’aide pour te relever ? »

Moi : « Non , je suis bien là »

Inconnu, me saisissant le bras et me relevant : « Aller ! Dis pas de conneries, tu repartiras pas sinon « 

 

Et me voilà donc reparti après avoir remercié, la bonne âme qui m’avait secouru et qui disparait dans la nuit.

 

Encore quelques kilomètres, et mes jambes deviennent douloureuses. Je paie mon absence d’entraînement.  Le sol me parait bien glissant par endroit et je dois rester particulièrement concentré pour le pas tomber. J’arrive enfin à Saint Catherine.

 

En surplomb du ravitaillement , les bus qui ramènent les relayeurs et ceux qui abandonneront , se laissent découvrir avant les chapiteaux blancs. J’ai particulièrement froid et rêve depuis un moment de me réchauffer sous une tente. Je me laisse distraire par cette perspective et tombe violement dans cette dernière descente.

 

Je me relève tant bien que mal . Ma hanche est douloureuse. Je finis en marchant lesquels que mettre qui amènent au ravitaillement… Pas de coin chaud mais une allée formée  par les chapiteaux des bénévoles où l’on ne peut pas pénétrer .

 

Impossible de se réchauffer…

 

Je cherche autour de moi. Vaness’ où es tu ?

 

Et je traine de longues minutes sur le camp de ravitaillement , laissant une chance à Vanessa de se manifester et me laissant envahir par l’idée réconfortante d’un retour en bus à Lyon. Je finis par apercevoir un chapiteau accessible aux coureurs .

 

C’est  l’espace réservé aux relayeurs. Je rentre à l’intérieur et m’assois de longues ( très longues minutes).

 

Les mines pleines de peine des bénévoles me voyant déprimer sur mon banc , renforce mon envie d’abandon. Je reste là 38 min ( merci GPS pour l’info). Soudain , une voix déchire le relatif silence qui règne. « 5 minutes avant la barrière horaire » lance une voix menaçante.

 

 

Je décide de repartir. L’abandon sera un choix et non subit . Je longe en marchant les bus et cherche le visage de Vanessa : Elle n’est pas là .

 

Je quitte Sainte Catherine en marchant, sans y croire . Il est 5h20 . L’année dernière à la même heure j’avais parcouru 10 kilomètres de plus… Je salue le bénévole à la sortie du village et m’enfonce dans l’obscurité .

 

Devant pas une lumière même au loin. Derrière , le village n’est plus qu’un petit point brillant au loin. Et je réalise l’improbable: Je suis seul ! et en plus je suis le dernier …

 

Je songe de plus en plus à l’abandon.

 

Il en sera ainsi pendant des minutes, qui paraissent une éternité . Enfin au kilomètre 31 j’aperçois une lumière au loin, j’accélère et rattrape après 2 longs kilomètres  : Marie France .

 

Nous discutons un peu et faisons connaissance en marchant. je reçois un appel de Vanessa. Collée d’office dans un bus au dernier ravitaillement , elle est arrivée 2 min après mon départ sur Sainte Catherine , trop court pour éviter la barrière horraire.

 

Vanessa m’informe sur la prochaine barrière horaire à Saint Genou : 8h45, ça va être tendu mais nous remotive à courir avec Marie France.

 

Notre enthousiasme est quelque peu calmé quelques centaines de mètres plus loin lorsque que commence la montée vers le point culminant de la course. Un gros effort et me voici arrivé en haut, ayant au passage abandonné Marie France dans la côte où j’avais des facilités avec mes grandes jambes et doublé enfin quelques coureurs.

 

Il me revient alors en mémoire, mon passage à ce point l’année dernière où j’avais pressé Djodeî pour repartir en vitesse: pour le chrono. Cette année, j’aurais bien fait une pause mais la barrière horaire ne le permettait pas.

 

Le parcours redescend alors et bien que cela aurait du être un soulagement je me rends compte que mes muscles me font un mal de chien en descente et je prie pour revoir du dénivelé positif.

 

Marie France bien plus à l’aise en descente me rattrapera à cette occasion. L’alternance de montée et descente nous permettra de rester dans le même périmètre jusqu’à St Genou où nous arrivons à 8h15 pour une barrière horaire à 8h45 mais le plus dur est derrière nous . Je me fais tout de même la réflexion qu’il faisait encore nuit l’année précédente quand j’arrivais à ce point.

 

Passage du marathon en 8h38 en lieu et place des 6h30 de l’année dernière … c’est pas fameux!

 

C’est dans la souffrance que Marie France et moi parvenons au ravitaillement du kilomètre 51 . Plus qu’un semi à parcourir . Les jambes sont lourdes, là où l’année dernière , sans doute aidé par la présence de Virginie qui m’attendait là , j’avais fini le dernier semi dans la bonne humeur et sans trop souffrir.

 

Nous repartons, c’est dur. Mes jambes me font souffrir le martyre. Quelques kilomètres avant le dernier ravitaillement à la faveur d’une côte j’abandonne Marie France après une petite photo souvenir et un échange de coordonnées.

 

 

Je me hâte lentement jusqu’au dernier ravitaillement où je décide de ne pas m’arrêter. Je traverse le gymnase qui abrite ce dernier en courant sous les regards dubitatifs dans autres concurrents mais j’améliore mon classement de façon drastique : il était au moins une centaine là dedans…

 

Juste après le ravitaillement , un panneau me redonne du courage .

 

 

Après des kilomètres interminables à attendre la cote de l’aqueduc puis la montée placée juste derrière, arrive le kilomètre K-5 à K-4 (qui honnetement devait faire au moins 3 kilomètres… TRUE STORY)

 

Je souffre dans les sous bois lyonnais. Une grande portion sinueuse en descente au milieu d’un accro-branche et mes jambes tétanisent , je suis contraint de m’assoir. Les larmes me montent après tous ces kilomètres , vais je devoir abandonner à 5 kilomètres de l’arrivée ?

 

Je repars en marchant cette fois, jusqu’au panneau indicant qu’il reste encore 4 kilomètres: Mon dieu qu’ils sont longs ces kilomètres…

 

 

Je m’accroche mentalement tant bien que mal et redoute l’ultime épreuve, qui, au jugé des douleurs que je ressens en descente, m’effraye plus que la côte de l’aqueduc : Les marches en descente au Kilomètre K-2.

 

 

Mais les derniers kilomètres sont longs jusqu’au escaliers et arrivé sur place , je dois me contraindre à descendre en m’appuyant à la rampe et je me fais l’effet d’être un petit vieux…  Je n’ai jamais eu aussi mal au jambes de ma vie.

 

Après un passage sur les berges sans grand intérêt (mais il faut bien faire 72 bornes tout rond ) arrive enfin le panneau annonçant les 1000 derniers mètres.

 

Dernier kilomètre et le pont menant à l’arrivée est enfin en vue, profilant avec lui les réponses aux questions qui bouillonnent dans ma tête depuis le départ de la course.

 

Je repensais à ma course de l’année dernière et à ce que j’étais à ce moment là : Au sommet de ma forme, cela faisait 3 mois que je ne travaillais pas et que je ne faisais que courir, bien que peu assidument.

 

Je savais que la fin de cette ère était proche ayant accepté un travail que je débuterai quelques semaines après cette course. Un travail qui, je le présentais, ne laisserait guère de place à la course à pied et au sport de façon générale.

 

Je le réalise de façon tout à fait limpide aujourd’hui, cette SaintéLyon 2015 était un baroud d’horreur, un dernier accomplissement personnel, une révérence avant le tombé de rideau, avant de renoncer au sport, avant d’abandonner mon alter ego, avant de laisser Paul Matwinch sur la touche.

 

Et je me laissai envahir par cette révélation, en arrivant sur le pont.

 

Dès les premières foulées sur cette plateforme, je sentis mes forces revenir et je m’élançais alors dans une course à travers le temps à la poursuite de cet autre moi que j’avais laissé là.

 

Sur le cotés de l’ouvrage, là où les poutres en bois sont patinées, à quelques foulées des photographes, il me guettait surement patiemment, tel un relayeur attendant le passage de témoin.

 

 

Je jurerai l’avoir senti me prendre la main et la soulever pour célébrer nos retrouvailles, et sous son action je levais au ciel un poing vengeur, lassant échapper quelques larmes de soulagement avant d’accélérer comme pour le retrouver encore plus vite après la ligne d’arrivée.

 

 

Chrono final 13h54 soit 2h30 de plus que l’année dernière mais le principal était fait. J’avais trouvé les réponses à mes questions et réconcilier avec moi même je savais enfin ce que j’avais à faire.

 

 

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